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Mémoire familiale chez des jeunes parents en difficulté : mécanismes de représentation et de narration d’une histoire familiale tourmentée

Caroline Baret, Sophie Gilbert

Cadre de la recherche : Certains « jeunes de la rue » ou « jeunes en difficulté » deviennent parents dans des contextes précaires : consommation de drogue, absence de logement stable et de revenus, en rupture sociale et familiale (Baret et Gilbert, 2015 ; Haley et al., 2006 ; Poirier et al., 1999).
Objectifs : Notre recherche s’est intéressée à comprendre comment les jeunes parents en difficulté élaborent leur héritage et leur mémoire familiale, considérant leur histoire tourmentée (maltraitance, abandon, difficultés parentales).
Méthodologie : Nous avons mené des entretiens semi-directifs auprès de 12 jeunes parents qui fréquentaient un organisme d’aide aux jeunes en difficulté à Montréal (Dans la rue). Notre analyse en profondeur des transcriptions a suivi une méthode inductive à deux niveaux : descriptif et interprétatif (Gilbert, 2009 ; Paillé et Mucchielli, 2008, 2012).
Résultats : L’analyse qualitative a permis de fonder une typologie de la mémoire familiale, appelée « représentation mémorielle de la famille ». Pour chacune des représentations (énigmatique, altérée et trompe-l’œil), nous avons pu inférer trois mécanismes psychiques distincts : la scotomisation, la fixation et la fabulation mémorielles.
Conclusions : Si la mémoire familiale est conscience du passé et négociation avec celui-ci (Muxel, 1996), le récit des jeunes parents que nous avons rencontrés renvoie plutôt à la difficile conscientisation d’un passé, par le biais de différents processus : 1) l’effacement (scotomisation) ; 2) la suspension du temps et la reviviscence (fixation) ; 3) le travestissement (fabulation)
Contribution : Sans sous-estimer les difficultés actuelles et réelles des jeunes parents, il nous semble nécessaire d’explorer leur histoire familiale et sociale dans le cadre de l’intervention. Il s’agirait notamment de leur offrir un espace de parole au sein d’une relation de confiance permettant un travail de mémoire réflexif (Muxel, 1996) et de mentalisation (Tychey, 2001 ; Berthelot et al., 2013).




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