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Postures et trajectoires urbaines : la place des enfants et adolescents dans la fabrique de la ville

Nadja Monnet, Mouloud Boukala

Cadre de la recherche : De nombreux auteurs insistent sur le fait que l’histoire des rapports de l’enfant à la ville est une véritable histoire d’éviction, surtout à partir de la deuxième moitié du 20ème siècle avec la généralisation de la circulation motorisée et que ce phénomène n’a cessé de s’accélérer. Plus qu’une cassure radicale entre un avant, qui semble représenté un âge d’or de l’enfance en ville définitivement révolu, et un après, où les enfants sont représentés comme enfermés chez eux, interdits d’accès à la rue et connectés au monde au travers de leur téléphone intelligent ou tablette, il importe d’inscrire le phénomène dans l’histoire longue et d’identifier, contrairement aux discours alarmistes, qui sont les enfants et adolescents continuant de fréquenter les villes, même s’ils ne sont pas (ou plus ?) majoritaires.

Objectifs : Cet article introductif du numéro « Explorer la ville : le rapport aux espaces publics des enfants et adolescents » vise à présenter un état de la recherche et des pistes de réflexion et d’action novatrices sur les manières dont les enfants et les adolescent·es pratiquent les villes, agissent et sont agis dans les espaces urbains contemporains.

Méthodologie : L’article introductif s’appuie sur une recension des écrits anthropologiques, sociologiques, historiques, géographiques, architecturaux et urbanistiques ayant porté sur le rapport aux espaces publics urbains des enfants et adolescents. Cette analyse est mise en relation avec des projets en cours cherchant à solliciter les jeunes lors des processus de concertation urbaine pour le réaménagement des villes, des métropoles voire des mégalopoles.

Résultats : En réunissant des âges (enfance et adolescence) et des lieux habituellement traités séparément, les textes rassemblés nous incitent à prendre en considération divers aspects tels la faible présence des jeunesses dans les espaces urbains, l’uniformisation, la réglementation et la ludification de certains espaces publics, l’attrait des espaces fermés (intérieurs, centres commerciaux) et leur appropriation, l’apprentissage des activités physiques, la mobilité autonome, l’engouement pour les médias numériques mais également les injonctions familiales afin d’apprécier l’influence des parents et de la fratrie sur le rapport à la ville des jeunes.

Conclusions : Cet article met en avant la nécessité d’une approche intersectionelle qui tienne compte d’une multiplicité de variables, telles que le sexe, l’âge, la provenance socio-géographique, voire la couleur de peau dans l’analyse des rapports aux espaces publics des enfants et adolescents. Il expose l’importance du passage entre des espaces intérieurs (le logement, les institutions scolaires, les maisons pour jeunes, centre de loisirs, etc.) et extérieurs, la possible ou impossible exploration en autonomie de la rue, des parcs et jardins, des centres commerciaux,… ainsi que les relations-tensions entre les familles et les enfants, entre les jeunes et les gestionnaires d’espace, entre les jeunes avec ou sans la supervision d’un adulte, entre les jeunes et d’autres usagers adultes (acteurs ou témoins) dans les espaces publics

Contribution : Cet article fait une revue des enjeux sociétaux et anthropologiques sur les rapports aux espaces publics des enfants et adolescents de plus d’une dizaine de villes situées en Europe, en Amérique du Nord, au Maghreb et au Proche-Orient. Il identifie des pistes à approfondir et à mettre en oeuvre pour la recherche sur cette thématique.




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