La revue Enfances, Familles, Générations est une revue interdisciplinaire de langue française dont la thématique est centrée sur les questions de la famille et de l’enfance, dans une perspective intergénérationnelle. Elle a pour objectif de favoriser la diffusion d’articles scientifiques inédits, sélectionnés selon les modalités usuelles des revues de ce type.
L’article s’appuie sur une recension des chercheurs impliqués dans la recherche sur la famille, sur un bilan des thématiques et des orientations disciplinaires, telles que retracées dans les six premiers symposiums québécois de recherche sur la famille, de même que sur la production de mémoires de maîtrises et de thèses de doctorat. Ces données sont mises en contexte pour dresser un portrait général de l’évolution des recherches sur la famille au Québec. En conclusion, il est suggéré que si la reconfiguration du champ de la famille suppose l’ouverture à d’autres perspectives thématiques, si le champ de la famille s’est dérobé, s’est fragmenté, il n’a pas perdu sa capacité à alimenter nos interrogations sur les nouveaux phénomènes sociaux qui traversent les sociétés contemporaines.
La définition de ce qu’est un parent soulève aujourd’hui de nombreuses questions. Si le lien biologique n’est plus essentiel, le lien de longue durée demeure fondamental et l’engagement instrumental au quotidien du parent envers l’enfant prend une place plus déterminante que jamais. Devenir parent ne s’inscrit plus nécessairement dans une relation conjugale, ni dans une relation charnelle et n’implique plus automatiquement une relation entre un homme et une femme qui renvoie aux principes même de notre système généalogique présupposant une différenciation des sexes. Être parent aujourd’hui requiert également, de plus en plus souvent, la prise en compte d’autres « parents ».
Le Centre de recherche et d’innovation en sociopédagogie familiale et scolaire (CERIS), de l’Université de Mons-Hainaut, en Belgique, a été fondé en 1969. Ce centre mène des recherches et des recherches-actions en éducation familiale et parentale. Dès ses débuts, il est interpellé par le désarroi de nombreux parents devant les situations éducatives de plus en plus difficiles qu’ils ont à assumer dans ce monde en changement rapide, mutations sociétales qui touchent également de plein fouet les enfants et les adolescents. Pourtant, certaines familles s’en sortent bien, d’autres, au contraire, un peu moins bien. La recherche des facteurs de risque et de protection apparaissait importante à mener, pour mieux expliquer et comprendre les trajectoires scolaires et sociales, mais aussi pour accompagner plus adéquatement les éducateurs, qu’ils soient parents, grands-parents, futurs parents, enseignants ou intervenants sociaux, dans leur tâche éducative. C’est ce à quoi le CERIS s’est engagé, en se situant à la fois dans la recherche et dans l’action. Les travaux qu’il a menés tiennent compte de trois dimensions en interaction : le devenir d’un individu se construit sur la base de son environnement, des événements qui l’atteignent et de sa sensibilité à son environnement et aux événements.
Même s’ils ont moins d’enfants, les parents nord-américains consacrent pratiquement autant de temps à leurs enfants, les mères un peu moins, les pères un peu plus. Ce dernier trait est particulièrement prononcé chez les jeunes pères québécois. Dans l’ensemble, cependant, on demeure moins longtemps en compagnie de ses enfants, quelle que soit l’activité, à l’exception, encore une fois, des jeunes pères québécois. La diminution du temps parental des mères s’explique largement par leur présence accrue sur le marché du travail. La présence de jeunes enfants constitue l’un des principaux facteurs explicatifs de l’emploi du temps quotidien des parents, notamment la durée du travail et du temps libre, par-delà l’âge, le sexe et la scolarité. Quand leurs enfants ont grandi, les parents tendent à occuper leurs journées comme ceux qui n’ont pas d’enfants.
L’éducation à domicile est une option éducative marginale, quoique légale et présente à travers le monde. Au Québec, jusqu’ici, aucune étude approfondie n’avait décrit cette pratique et la population des familles concernées était inconnue. Cet article porte sur les raisons du choix de l’«école à la maison», exprimées par 203 familles québécoises au moyen d’un questionnaire. Cette enquête, réalisée en 2003, visait à documenter les conceptions de l’éducation, les raisons du choix, l’expérience éducative et les caractéristiques sociodémographiques des familles. Les raisons évoquées sont multiples et hétérogènes. Les rationnels décisionnels des parents sont variés et multidimensionnels. Une des particularités de ces résultats est qu’aucune voix religieuse, anti-étatique ou philosophique ne semble dominer le discours des parents-éducateurs québécois. Pour l’ensemble des participants, les principaux facteurs à la base de ce choix sont un désir de poursuivre un projet éducatif familial, une objection aux modes d’organisation du système scolaire, une volonté d’offrir de l’enrichissement et un souci du développement socioaffectif des enfants.
Dans le cadre d’une enquête sur les conditions de vie des ménages, menée en France en l’an 2 000, 5 200 individus âgés de 14 ans et plus ont été interrogés. Plus d’un Français sur trois déclare avoir reçu de son entourage une activité qui compte dans sa vie, une « passion » : dans le domaine culturel, les loisirs scientifiques, l’apprentissage des langues, etc. Les parents sont majoritairement à la source de cette passion. On observe une progression spectaculaire de la transmission des passions culturelles parmi les jeunes générations. Le milieu familial exerce une grande importance (parents plus scolarisés, ou ayant eux-mêmes une passion culturelle).
En permettant l’établissement d’un lien de filiation entre un enfant et deux personnes du même sexe, la réforme du 24 juin 2002 consacre non seulement l’existence des familles homoparentales, mais elle marque également une profonde rupture avec la réalité biologique à laquelle s’était depuis toujours modelé le droit de la filiation. Aux dires du ministre de la Justice de l’époque, un tel réaménagement s’imposait, eu égard au besoin de protection juridique des enfants en cause. Or, réformer la filiation n’était pas la seule option législative disponible pour atteindre l’objectif visé. D’autres mesures, comme le partage de l’autorité parentale ou la reconnaissance judiciaire d’une nouvelle forme de «parentalité psychologique», auraient pu être envisagées pour assurer la protection juridique des enfants concernés. Adoptée dans la précipitation, la réforme effectuée par le législateur québécois ouvre des perspectives dont on ne peut encore mesurer toute la portée sur le bien-être de l’enfant. Incomplète, elle laisse sans réponse le besoin de protection juridique d’une majorité d’enfants évoluant au sein d’une dynamique homoparentale.