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No 37 - 2021

Penser les « origines » dans les familles contemporaines : perspectives internationales
Sous la direction de Agnès Martial, Isabel Côté, Kévin Lavoie




De l’adoption à la procréation assistée par autrui : cadres, pratiques et enjeux entourant la question des origines et de ses récits
Agnès Martial, Isabel Côté, Kévin Lavoie

Cadre de la recherche : Dans un contexte caractérisé par de nouvelles aspirations à la parentalité, au sein de sociétés où les formes familiales se diversifient, la question des origines suscite actuellement d’intenses débats politiques, sociaux et scientifiques. Ces débats sont emblématiques d’un mouvement plus général, qui témoigne d’une attention croissante à la question des origines dans les modes actuels de constitution des familles, qu’il s’agisse de l’adoption ou de la procréation assistée par autrui. La notion d’origine apparaît alors comme une entrée particulièrement pertinente pour éclairer les enjeux sociaux et politiques que soulèvent aujourd’hui le devenir de l’adoption, les conditions du recours à la procréation assistée avec don, l’encadrement législatif de la gestation pour autrui ou les usages des savoirs biogénétiques, ainsi que pour analyser les reconfigurations contemporaines de la parenté et des liens familiaux.

Objectifs : Cet article a pour objectif de cerner les principaux enjeux qui sous-tendent la question des origines en retraçant les conditions d’émergence des discours sur le sujet de même qu’en faisant dialoguer les différents apports disciplinaires permettant d’en délimiter les contours.

Méthodologie : Cet article s’appuie sur les différentes contributions des auteurs et autrices du numéro, de même que sur les travaux théoriques et empiriques qui retracent comment la question des origines est mobilisée par les personnes concernées par l’adoption de même que par la procréation assistée par autrui. Pour en rendre compte, la perspective comparative est valorisée.

Résultats : L’attention aux origines révèle une évolution profonde liée à la dissociation croissante de la procréation et de la parenté, d’où semblent émerger des relations et des figures « nouvelles ». L’essor des technologies de la reproduction rend aujourd’hui plus nombreuses les circonstances, déjà présentes dans l’adoption, où des personnes procréent, mais ne deviennent pas – au sens légal – des parents, demeurant « aux marges » de la parenté.

Conclusion : La notion d’origines offre un lieu d’examen particulièrement fécond des représentations et interprétations actuelles concernant les figures de l’origine (« parents » de naissance dans l’adoption, donneurs et donneuses de gamètes, femmes ayant porté un enfant pour autrui), les récits qui les constituent, la place qu’elles occupent (ou non) dans l’histoire des individus adoptés ou nés de la procréation par autrui.

Contribution : Cet article apporte une réflexion théorique et heuristique sur la notion des origines tout en témoignant de sa pertinence pour réfléchir aux réalités relationnelles plurielles induites par les configurations familiales actuelles. L’ensemble des articles de ce numéro participe à cette réflexion en interrogeant la question des origines de manière complémentaire.

Mots-clés: origines, filiation, parenté, adoption, technologies de la reproduction


Quelle place pour le droit aux origines de l’enfant adopté en France et au Québec ?
Laurence Brunet, Michelle Giroux

Cadre de la recherche : L’étude porte sur le droit à la connaissance des origines de l’enfant adopté dans une perspective de droit comparé.

Objectifs : L’objectif de la recherche est de proposer une analyse du dispositif français, datant du 22 janvier 2002, et celui réformé en 2017 au Québec qui, l’un et l’autre, aménagent pour les personnes adoptées l’accès à l’identité de leurs parents d’origine.

Méthodologie : Cette étude utilise principalement une méthodologie positiviste de la recherche juridique analysant la législation, la jurisprudence et les travaux de doctrine, ainsi que de droit comparé (France/Québec).

Résultats : La recherche montre bien que la France et le Québec ont cherché à reconsidérer la place de l’histoire de l’enfant adopté en substituant le principe du secret sur les origines à une logique favorisant la transparence. Pourtant, l’équilibre entre l’enfant et les parents de naissance penche souvent en faveur de ces derniers qui peuvent empêcher de libérer le secret, parfois même jusqu’après la mort.

Conclusions : L’assouplissement du droit vers plus de transparence est un pas dans la bonne direction, mais l’exercice semble inachevé tant que la question du droit à l’identité (incluant les origines) – reconnu notamment dans la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant – des personnes adoptées et de celles conçues par procréation assistée, ne sera pas discutée dans le cadre d’une réforme globale du droit.

Contribution : En analysant le droit positif en vigueur en France et au Québec sur l’accès aux origines des personnes adoptées, ce texte permet de comprendre les enjeux relatifs à cette question et le difficile arbitrage entre les intérêts des enfants adoptés et des parents d’origine. Il ouvre, de plus, la réflexion sur l’accès aux origines des personnes conçues par procréation médicalement assistée.

Mots-clés: origines, identité, accès, droits de l’enfant, droit civil, adoption, accouchement sous X, assistance médicale à la procréation, France, Québec

Adoption internationale et (re)définition du rapport aux origines : la mise en œuvre de la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale (CLH93) au Bénin
Simonella Domingos Tanguy

Cadre de la recherche : Le Bénin, pays d’origine peu investi jusque-là dans l’adoption, a ratifié en 2018 la CLH93 qui entraine une évolution de son système de protection de l’enfance et de la perception locale de l’adoption.

Objectifs : Dans le cadre de ce numéro qui interroge les « origines » sous différents angles, cette contribution explore les transformations occasionnées par cette convention dans un contexte social à l’ancrage traditionnel fort.

Méthodologie : Les analyses s’appuient sur les données collectées dans les pays d’accueil et au Bénin, et s’inscrivent dans mon parcours doctoral portant sur une étude comparative des politiques et pratiques d’adoption internationale en France et en Allemagne.

Résultats : Il en ressort que l’origine est une notion centrale dans la culture béninoise et qu’elle est étroitement reliée à l’identité de l’individu. L’adoption est une pratique méconnue dans ce contexte où se perpétuent les usages traditionnels de confiage d’enfants. L’adoption internationale et la rupture qu’elle provoque dans l’identité de l’enfant imposent une nouvelle conceptualisation de l’origine, au-delà de la définition essentialiste qui y prévaut. La mise en œuvre adéquate de la CLH93 requiert des changements à plusieurs niveaux, et crée de nouvelles attentes institutionnelles qui pourraient se révéler trop lourdes.

Conclusions : L’origine est au cœur des débats sur l’adoption. Saisir l’origine dans ce cadre revient notamment à s’interroger sur les représentations qui y sont associées localement, et à prendre en compte les attentes spécifiques des familles biologiques, sans pénaliser les adoptés.

Contribution : Cet article est une contribution à une meilleure connaissance des pays d’origine, peu étudiés et souvent enfermés dans une « uniformité de fait ». Il met en évidence la force des usages traditionnels et les freins possibles à une mise en œuvre adéquate de la CLH93 dans le contexte béninois.

Mots-clés: adoption, Afrique, origines, politique, placement, identité, enfant, tradition, Bénin, diplomatie

Chercher ses origines sur Facebook : quels liens entre les médias sociaux et la quête des origines en adoption internationale ?
Johanne Thomson-Sweeny

Cadre de la recherche : Il est de plus en plus commun pour les personnes adoptées à l’étranger d’utiliser les médias sociaux pour entreprendre leur quête des origines et vivre un contact numérique post-adoption avec leur famille biologique. Parfois, ce contact est initié par cette dernière. Le but de cet article est de présenter la manière dont le contact numérique avec la famille biologique permet la quête des origines en adoption internationale.

Objectifs : L’étude réalisée dans le cadre d’une maîtrise vise à comprendre le vécu et la perspective d’adultes adoptés à l’étranger d’un contact numérique avec leur famille biologique.

Méthodologie : Les données exposées dans cet article proviennent d’une étude qualitative réalisée auprès de huit adultes québécois adoptés à l’étranger. Leur expérience a été recueillie grâce à des entrevues individuelles semi-directives et analysée selon l’analyse interprétative phénoménologique.

Résultats : La place qu’attribuent les participants aux origines est démontrée par leurs motivations à retrouver leur famille biologique par les médias sociaux, ou à poursuivre le contact lorsqu’ils ont été retrouvés. Les participants désirent mieux se connaître et savoir d’où ils viennent. La place des origines est aussi représentée par leur perception de la nécessité de connaître leur histoire avant leur adoption et l’importance qu’ils accordent à la génétique.

Conclusion : La question des origines est omniprésente dans la trajectoire des personnes adoptées. Les médias sociaux sont un outil leur permettant de répondre à leur désir de se découvrir et d’apprendre sur leur histoire et leur famille biologique.

Contribution : Les résultats de l’étude montrent l’impact des médias sociaux sur la quête des origines dans un contexte où le contact numérique avec la famille biologique est de plus en plus fréquent dans le parcours des personnes adoptées à l’international.

Mots-clés: adoption internationale, quête des origines, médias sociaux, adulte adopté, famille biologique

Trois générations de familles lesboparentales en Italie et en Belgique : transmission et pratiques liées aux origines
Alice Sophie Sarcinelli, Charlotte Simon

Cadre de la recherche : L’article analyse les rapports aux origines dans des familles lesboparentales au sein de deux pays (Italie et Belgique) caractérisés par différentes législations en matière de reconnaissance des origines biogénétiques et intentionnelles.

Objectifs : L’objectif est de comprendre les rapports aux origines des familles, en fonction du traitement de la lesboparentalité du pays, ainsi que de la génération et du parcours reproductif des interlocutrices. L’article repose sur deux études locales menées entre 2016 et 2020 auprès d’un corpus de 16 familles.

Méthodologie : La méthode utilisée comprend l’observation participante des pratiques familiales, des entretiens biographiques, des conversations informelles, la construction des schémas de parenté et l’analyse du contexte légal.

Résultats : Les trajectoires des familles appartenant à différentes générations et pays montrent que les relations aux origines se construisent au fil du temps sans forcément rompre avec le passé ni avec la culture locale de la parenté, malgré le poids des conditions extérieures et du contexte.

Conclusions : L’étude témoigne d’une progressive multiplication et indétermination de la frontière entre kin et non-kin, fruit d’une négociation souvent incomplète, d’une redéfinition constante et d’interprétations multiples entre les différents acteurs, amenant à des pratiques parfois contradictoires.

Contribution à la recherche : L’article montre que la parenté prend différentes formes selon les acteurs, les dimensions en jeu (juridique, sociale ou encore l’expérience), mais aussi de la génération des mères.

Mots-clés: Italie, Belgique, approche ethnographique, don de sperme, lesboparentalité, procréation médicalement assistée, relations de parenté, génétique, origines, génération

Le don d’ovules dirigé : conjuguer narratif de don et narratif de conception pour penser les origines
Raphaële Noël, Marie-Alexia Allard, Gabrielle Pelletier

Cadre de la recherche : Le contexte sociojuridique du Québec permet d’accéder à différentes modalités de don d’ovules pour concevoir un enfant par procréation assistée. La présente recherche empirique qualitative s’intéresse au don d’ovules dirigé dans lequel la donneuse est connue du couple receveur (CR).

Objectifs : Cet article vise à mieux comprendre la place de chacun dans cette nouvelle réalité familiale et étudie l’impact du recours au don d’ovules sur le sentiment d’identité maternelle et de filiation.

Méthodologie : Des entretiens semi-dirigés accompagnés de la réalisation d’un génogramme libre (GL) ont été menés auprès de huit donneuses et huit CR. Une logique inductive et itérative a guidé la collecte et l’analyse des données par catégories conceptualisantes.

Résultats : Le développement d’une histoire affective et relationnelle entre donneuses et CR émerge comme toile de fond des enjeux spécifiques à chacun. S’il y a bien une rencontre entre eux, les enjeux psychologiques qu’ils traversent et qui apparaissent au fil de la réalisation du GL révèle des univers psychiques distincts.

Conclusions : C’est l’occasion pour la donneuse de construire un sens à son don en rapport à son histoire personnelle et familiale, établissant les bases d’un narratif de don qui permet un travail d’historicisation et de re-subjectivation. Les parents quant à eux construisent l’histoire qui leur a permis de donner naissance à leur enfant, questionnant la place de la donneuse et le lien avec elle, ainsi que l’identité maternelle.

Contribution : Un tel narratif de conception participe à la construction de l’identité parentale, en particulier celle de la receveuse, et se conjugue au narratif de don pour penser les origines de l’enfant. Cet article contribue à la réflexion sur le devenir parent en ayant recours à un don d’ovules dirigé. Il soulève l’importance d’offrir un accompagnement qui permet à chacun d’élaborer un narratif en continuité de sa propre histoire.

Mots-clés: don d’ovocytes, couple, receveuse, génogramme, narratif, origines, identité maternelle, recherche qualitative

Être issu·e·s du même don : partager des « origines » en assistance médicale à la procréation avec tiers donneur (Royaume-Uni, France)
Anaïs Martin

Cadre de la recherche : De nouvelles figures émergent au sein des liens créés par l’assistance médicale à la procréation avec tiers donneur : les personnes issues du même don.

Objectifs : À partir d’une enquête anthropologique auprès d’adultes conçu·e·s par don de sperme au Royaume-Uni et en France, l’article déploie une analyse des distinctions qui sont opérées entre personnes issues du même don, frères et sœurs et enfants du donneur afin de mieux comprendre ce qu’engage le partage d’» origines » quand on a été conçu·e grâce au même donneur.

Méthodologie : L’analyse repose sur les entretiens semi-directifs approfondis menés entre octobre 2017 et décembre 2019 avec 17 adultes conçus par don de sperme qui ont identifié au moins une personne conçue grâce au même donneur au Royaume-Uni et en France.

Résultats : À l’aune des relations avec les frères et sœurs, les connexions entre personnes issues du même don apparaissent d’abord comme un lien corporel paradoxal qui se matérialise par un partage de gènes entre des inconnu·e·s. Les distinctions entre enfants du donneur et personnes conçues par don soulignent ensuite qu’au-delà de la dimension génétique, c’est l’événement du don qui spécifie les liens entre personnes issues du même don. Plus qu’un géniteur, elles partagent les circonstances de leur conception, dont découlent un récit partagé et des expériences communes. Enfin, si les relations qui s’établissent de fait se caractérisent par leur souplesse et leur dimension élective, elles n’en font pas moins émerger de nouvelles normes et hiérarchies.

Conclusions : L’étude des liens entre personnes issues du même don laisse entrevoir la constitution d’une nouvelle catégorie relationnelle aux confins de la parenté.

Contribution : L’article propose d’aborder la procréation assistée avec tiers donneur par les relations collatérales qu’elle produit. Il contribue à la réflexion sur le contenu des liens créés par les « origines ».

Mots-clés: assistance médicale à la procréation, personne conçues par don, don de sperme, relation collatérale, origines, parenté

La double appartenance familiale de l’enfant placé en famille d’accueil Banque-mixte: un équilibre fragile
Doris Chateauneuf, Béatrice Decaluwe, Geneviève Pagé

Cadre de la recherche : Les familles d’accueil Banque-mixte accueillent des enfants en vue de les adopter. Les enfants placés dans ce type de ressource sont généralement âgés de zéro à deux ans et considérés à haut risque d’abandon, mais ils ne sont pas pour autant adoptables au moment du placement, et la plupart d’entre eux continuent d’avoir des contacts ponctuels avec leurs parents d’origine.

Objectifs : La présente étude jette un éclairage sur les enjeux que pose la double appartenance familiale de l’enfant pour les parents d’accueil. Elle vise à mieux comprendre comment les parents d’accueil négocient cette double appartenance familiale pendant le placement de l’enfant et tout au long du processus menant à son adoption.

Méthodologie : Pour répondre à ces objectifs, trente et un entretiens semi-dirigés ont été réalisés auprès de parents d’accueil Banque-mixte dans trois régions du Québec. Les parents ont été interrogés à deux reprises, une première fois dans l’année suivant le début du placement et une deuxième fois dix-huit mois plus tard.

Résultats : Les résultats de l’étude s’articulent autour de quatre grands thèmes : 1) la perception des parents d’accueil vis-à-vis des parents d’origine; 2) les craintes et appréhensions vécues en lien avec la garde de l’enfant; 3) les enjeux d’appellation et de désignation parentales; 4) le rôle des intervenants sociaux dans les contacts entre les deux familles.

Conclusions : L’appartenance familiale et les relations familiales des enfants placés en famille Banque-mixte reposent sur un équilibre dont la fragilité s’explique en partie par les intentions distinctes et parfois contradictoires des parents d’accueil et d’origine, mais aussi par d’autres facteurs tels que la vulnérabilité des parents d’origine, le profil des enfants placés et la variabilité des pratiques des intervenants sociaux.

Contribution : Le placement en Banque-mixte demeure peu étudié au Québec. Cette étude permet de mieux saisir les différents enjeux sous-jacents à ce type de placement en termes de dynamiques et de relations familiales.

Mots-clés: adoption, appartenance familiale, famille d’accueil, lien familial, placement, protection de la jeunesse, protection de l’enfance, recherche qualitative, visites parent-enfant


La participation de l’enfant en protection de l’enfance : Enjeux, conditions et obstacles
Élodie Faisca

Cadre de la recherche : Cet article propose une revue de la littérature internationale sur les enjeux, les conditions et les obstacles de la participation des enfants en protection de l’enfance dans le but de repérer les questions intéressantes à explorer dans de futurs travaux.

Objectifs : Il vise à repérer les questions intéressantes à explorer dans de futurs travaux et comprendre les écarts existants entre les exigences du cadre légal, les discours des institutions et de leurs acteurs, et les pratiques des professionnels. Il fournit des pistes de réflexion nouvelles sur les conditions de participation des enfants.

Méthodologie : L’article s’appuie sur l’analyse d’une quarantaine de travaux internationaux publiés depuis 20 ans. Les mots clés mobilisés dans les bases de données en français et en anglais sont : la participation, des enfants ou des jeunes en protection de l’enfance, de leur engagement ou implication.

Résultats : L’article met en lumière la nécessité de repenser l’opposition souvent énoncée entre le principe de protection et le principe de participation. Il montre l’importance de réfléchir aux objectifs visés par la participation aux espaces dans lesquels les enfants sont invités à exprimer leur avis et aux formes que cette expression peut prendre. Nous montrons que la participation doit être considérée comme un processus dynamique qui s’active ou se limite dans l’intervention elle-même.

Conclusions : Des recherches qualitatives, de type ethnographique et longitudinal sont nécessaires pour mieux saisir les processus à l’œuvre.

Contribution : S’appuyant sur une revue de littérature, cet article souligne certains des enjeux de la participation des enfants en protection de l’enfance et identifie des pistes à explorer ou à approfondir pour la recherche. Il invite alors les lecteurs à considérer et à étudier la participation de l’enfant en tenant compte de son caractère dynamique, relationnel et multidimensionnel. Des possibilités analytiques pourraient émerger grâce à une approche longitudinale et écologique de la participation.

Mots-clés: participation, enfant, pratiques professionnelles, coéducation, intervention éducative, protection de l’enfance

La photographie enfantine au Maroc : construction photographique des identités sexuées et idéologie du mariage
Souad Azizi

Cadre de la recherche : Cette étude a été réalisée dans le cadre de l’intensification du recours des familles marocaines à la photographie de studio pour marquer les étapes de croissance de leurs enfants, ainsi que certaines fêtes religieuses.

Objectifs : Elle vise à comprendre les fonctions sociales et rituelles de la photographie enfantine.

Méthodologie : Les données utilisées sont issues de deux catégories d’observation. Une première enquête en deux phases a été réalisée avec la participation d’étudiant-e-s en sociologie, soit par observation participante et entretien. La 1re phase lors du Mouloud de 2010 a porté sur 50 studios du Grand Casablanca. La 2e phase a porté sur les albums de famille. La deuxième enquête a consisté en une observation outillée par l’auteure, de 2010 à 2015, du rituel vidéo photographique des enfants dans un espace public de Mohammedia.

Résultats : La photographie enfantine est une construction sociale d’une certaine image de l’enfant, résultant d’une communauté d’agir et de pensée entre photographes et familles. L’album est une pratique sexuée. Il a valeur de preuve de bientraitance et de bien symbolique transmissible. La photographie enfantine est un moyen de transmission des traditions vestimentaires et reflète l’imprégnation de la photographie familiale par la culture makhzen et la symbolique du mariage.

Conclusions : Le rituel photo vidéographique est un instrument de construction des identités sexuées et d’inculcation d’une idéologie du mariage à un âge de plus en plus tendre. La photographie enfantine révèle que le mariage reste une institution très valorisée et que les enfants sont préparés très tôt à se projeter dans les rôles sociaux d’époux et d’épouse. Le rituel vestimentaire des noces dans la photographie enfantine fait de cette dernière un instrument de transmission de l’identité nationale et des symboles et valeurs de la royauté.

Contribution : Cette étude propose d’apporter une contribution aux recherches sur la photographie familiale, en attirant l’attention sur l’intérêt heuristique de la photographie enfantine comme clé de compréhension des logiques de retraditionnalisation à l’œuvre derrière les pratiques visuelles des familles.

Mots-clés: photographie enfantine, album de famille, identités sexuées, idéologie du mariage, Maroc




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