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No 18 - 2013

Articulation travail-famille : une entrée par les groupes professionnels
Sous la direction de Bernard Fusulier, Diane-Gabrielle Tremblay




Appartenances professionnelles et vie familiale : une entrée analytique particulière
Bernard Fusulier, Diane-Gabrielle Tremblay

De nombreuses études montrent que la relation travail-famille varie en fonction des sociétés ; qu’elle se décline de façon différente selon le genre et les situations personnelles; qu’elle est tributaire des caractéristiques et attitudes des entreprises et organisations … Cependant, une autre dimension qui pèse sur cette articulation est encore peu étudiée : l’appartenance à un groupe professionnel ou à une profession. Cette appartenance exprime l’existence d’une entité sociale qui possède certaines caractéristiques propres et qui n’est potentiellement pas sans influence sur la façon dont prend sens et forme l’articulation de la vie professionnelle avec la vie familiale. Dans cet article introductif, nous exposons tout d’abord l’intérêt et la spécificité de cette entrée analytique. Nous soulignons ensuite les lignes de force des articles contenus dans le présent numéro qui traite d’une diversité de groupes professionnels : les enseignants, les travailleurs sociaux, les conductrices de train, les médecins, les infirmières et les policiers.

Mots-clés: famille, travail, profession, emploi, genre


Gestion de l’interface emploi-famille. Pourquoi les pratiques des enseignantes françaises et espagnoles ne se ressemblent-elles pas ?
Julie Jarty

Cet article propose de penser la différenciation des expériences d’articulation de l’interface travail/famille chez les enseignantes françaises et espagnoles par le prisme de la structuration du groupe professionnel et de son éthos. Agrémenté de récits de vie, l’article fait émerger deux manières d’être enseignante, avec pour conséquences bien distinctes en termes d’aménagement des temps de vie et de relations entre les sexes. En France, l’autonomie temporelle du métier s’appuie sur une culture professionnelle privilégiant les carrières centrées sur l’excellence disciplinaire, menées individuellement. Du point de vue de l’articulation des temporalités sociales, ces normes impliquent une présence limitée au sein de l’établissement scolaire et produisent une réactivation des hiérarchies de genre caractérisée par une organisation du travail (féminin) fréquemment centrée sur la famille. De l’autre côté des Pyrénées, la valorisation d’une figure polyvalente de l’enseignante, enseignant vecteur de connaissances et de culture, éducateur mais aussi administrateur, favorise le travail en équipe ainsi que des temps plus longs sur le lieu de travail, nécessitant souvent la mise en place d’arrangements plus ou moins innovants dans la sphère privée, en particulier pour gravir la hiérarchie.

Mots-clés: division sexuelle du travail, articulation travail/famille, France, Espagne, enseignant

L’articulation des temps sociaux dans la profession d’assistant social : une question d’engagement subjectif
David Laloy

En Belgique, les assistants sociaux travaillent en général dans des horaires standards qui correspondent aux rythmes macrosociaux. Ils seraient donc dans des conditions favorables à une articulation des temps sociaux harmonieuse. Cependant, cette articulation a une double dimension pratique et subjective. Cette deuxième dimension concerne particulièrement les assistants sociaux étant donné le caractère subjectivement impliquant de leur pratique. L’article propose d’analyser les caractéristiques spécifiques de l’engagement de ces professionnels (la « nature du travail » et les « représentations » associées à la pratique) et d’en élucider les implications quant à la manière d’articuler les temps.

Mots-clés: Belgique, assistant social, engagement subjectif, nature du travail, articulation

Les articulations famille-travail à l’aune du groupe professionnel et du genre : l’exemple des conductrices de train en France
Estelle Bonnet, Bruno Milly, Élise Verley

Comment les conductrices de train gèrent-elles en France l’articulation entre travail et famille au regard des conditions et rythmes de travail spécifiques qui pèsent sur le groupe professionnel? Si les normes professionnelles, associées à une faible régulation organisationnelle, interdisent de demander des aménagements de services en raison de contraintes « familiales », la récente politique de féminisation de ce « bastion masculin » conduit à une réinterrogation de ces pratiques. Les nouvelles conductrices ne demandent pas d’aménagements spécifiques, leur présence soulève toutefois la question de l’articulation travail/famille, qui jusque-là était sinon taboue, du moins reléguée au rang de contrainte professionnelle incontournable et laissée à la charge des seuls professionnels.

Mots-clés: groupe professionnel, norme, régulation, féminisation, articulation travail/famille

L’analyse de l’articulation des temps de vie au sein de la profession médicale en France : révélateur ou miroir grossissant des spécificités sexuées ?
Nicky Le Feuvre, Nathalie Lapeyre

Cet article vise à identifier quelques-uns des écueils analytiques qui surgissent lors de recherches sur les pratiques et aspirations en matière d’articulation des temps de vie au sein d’un groupe professionnel particulier, celui des médecins. Caractérisée par de très longues durées du travail, la profession médicale offre également une grande « souveraineté temporelle ». Si l’éthos de la profession médicale a longtemps été fondé sur un principe de « disponibilité permanente », plusieurs facteurs participent à une remise en question de ce socle historique des identités professionnelles, surtout chez les jeunes générations de médecins des deux sexes. Toutefois, ce changement ne s’exprime pas toujours dans les mêmes registres : en situation d’entretien, les femmes évoquent plus spontanément des aspirations « d’équilibre » des temps professionnels et familiaux, alors que les hommes revendiquent la recherche d’un « équilibre » individuel, par le truchement de loisirs personnels. Reste à savoir dans quelle mesure ces différences discursives renvoient effectivement à des pratiques sexuées spécifiques ou traduisent plutôt un mécanisme d’ajustement des récits aux injonctions normatives qui continuent de peser sur l’acceptabilité sociale des pratiques (et aspirations) masculines et féminines en matière d’articulation des temps de vie.

Mots-clés: France, genre, profession médicale, temps sociaux, travail

Appartenance professionnelle et articulation travail/famille. Comparaison de deux groupes professionnels : les infirmières et les policiers
Bernard Fusulier, Émilie Sanchez, Magali Ballatore

Cet article étudie la relation entre la vie professionnelle et la vie familiale en privilégiant une entrée par la profession afin de mettre en avant l’impact des spécificités de l’appartenance professionnelle sur la manière de vivre et de gérer cette relation et les tensions sous-jacentes. Pour ce faire, les auteurs prennent appui sur une enquête par questionnaire réalisée en Belgique francophone auprès de 314 infirmières-parents et de 284 policiers-parents. Ils montrent qu’au côté des différences entre les hommes et les femmes, l’appartenance professionnelle induit tendanciellement des ressentis et des modes d’atténuation de la tension en matière d’articulation de la vie professionnelle avec la vie familiale (APF) différents. Les différences observées permettent d’opposer au final deux grands modes de régulation de cette APF : l’un à caractère séquentiel dans le milieu infirmier; l’autre à caractère intégratif dans le milieu policier.

Mots-clés: famille, travail, genre, policier, infirmière


Violences conjugales dans l’espace familial : que fait-on des enfants ? Pratiques professionnelles au croisement des champs de la protection de l’enfance et des violences conjugales
Marie-Laure Déroff, Émilie Potin

En France, l’exposition des enfants aux violences conjugales est apparue récemment comme une préoccupation dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Cette prise en compte appelle une action coordonnée entre les champs des violences conjugales et de la protection de l’enfance. Une recherche menée auprès des acteurs concernés a permis de mieux saisir les pratiques et les représentations afférentes. L’article identifie différentes figures de l’enfant référant, d’une part, à la place qui lui est faite dans le traitement social des violences conjugales et, d’autre part, à la manière dont l’exposition aux violences conjugales est considérée dans le cadre de mesures le visant prioritairement. Ces figures sont l’enfant symptôme, l’enfant repère et l’enfant trait d’union. L’action des professionnels est également guidée par ce qu’ils identifient des risques encourus par l’enfant. Si les risques identifiés sont largement associés à la séparation des parents, ils sont perçus comme accentués par le contexte d’exposition aux violences conjugales.

Mots-clés: violences conjugales, risque de danger, évaluation, action sociale, protection de l’enfance

Les pratiques collaboratives : nouveau fétichisme ou « praxis » renouvelée dans le champ de la santé mentale des enfants ? De la nécessité d’une halte dans l’instant des sens
Lena Diamé Ndiaye, Myreille St-Onge

Cet article tente de faire une relecture des pratiques collaboratives en tant que nouveaux modes d’appréhension de « l’être ensemble et le faire ensemble » dans le champ de la santé mentale de l’enfant. Il a une visée théorique et non empirique. Nous souhaitons surtout amorcer une réflexion sur les pratiques collaboratives en partant du service social en tant que discipline reposant sur le don et le contre-don, donc disposant de leviers pour relier les professions au chevet de l’enfant. Il s’agit aussi de proposer une pause pour s’extirper des lieux communs et réinterroger les concepts reliés aux pratiques collaboratives centrées sur l’enfant. L’article est subdivisé en quatre parties qui poursuivent chacune des objectifs différents. Dans un premier temps nous abordons la santé mentale de l’enfant en tant que champ à définir dans un espace théorique et de pratique d’essence collaborative. La deuxième partie a été l’occasion pour nous de tenter une nouvelle exploration sémantique des concepts de collaboration et de partenariat. La troisième partie présente le service social dans sa fonction de passeur de sens dans l’enjeu d’un travail collaboratif centré sur l’enfant. La quatrième partie illustre le travail collaboratif en posant les cadres de pratique processuels dans le champ de la santé mentale de l’enfant.

Mots-clés: collaboration, service social, pratiques collaboratives, travail en réseaux, santé mentale, enfant




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