En prenant la teinte des préoccupations sociopolitiques et intellectuelles d’une période donnée, les travaux en sciences sociales reflètent « l’air du temps » (Varro, ce numéro). La façon dont les chercheurs appréhendent leurs objets d’étude est donc liée au temps, mais également à l’espace, c’est-à-dire au contexte dans lequel ils sont ancrés. Il nous a donc semblé intéressant de faire un survol des différentes perspectives théoriques ayant structuré le champ des études sur la mixité conjugale en débutant par une synthèse des cadres théoriques qui ont longtemps dominé les recherches sur les couples mixtes pour ensuite mettre au jour l’émergence de perspectives récentes qui accordent une place privilégiée aux acteurs et placent l’identité personnelle au coeur de leur analyse. Ces perspectives, qui ouvrent sur des thèmes et des points de vue nouveaux tout en contribuant à la transformation du langage même qui structure ce domaine de recherche, reflètent incontestablement les préoccupations de notre époque.
Lorsque l’on traite de mixité conjugale, la recherche exige de remettre dans leur contexte historique et politique les notions qui semblent les plus « évidentes », tels que les groupes d’origine et les identités… Après une évocation des racines de l’implication personnelle de l’auteure dans cette recherche – initialement orientée sur les rapports sociaux de sexe – la construction du sens des termes mixte et mixité en lien avec le genre, la religion et la nationalité est explorée dans une perspective historique. L’article se termine par un survol de quelques recherches françaises sur le couple mixte et les changements intervenus depuis les années 1950.
Cet article propose quelques considérations théoricométhodologiques autour de la mixité. Il cherche à mettre en évidence les limites, les pièges et les dérives de la littérature existante en ce qui a trait à la conceptualisation de la notion de mixité. Après une contextualisation initiale (définition, variables et modèles liés au phénomène de la mixité), il s’agira d’indiquer les différents niveaux clés de complexité théorique et méthodologique du phénomène afin d’éviter les visions simplistes ou réductrices. Nous nous interrogerons donc sur la clarté de la notion d’« union mixte », l’équivalence entre mixité et intégration sociale, et nous soulignerons la complexité inhérente aux processus de configuration de l’identité ethnique résultante.
Cet article étudie le rapport entre la famille alliée et le conjoint ou la conjointe du couple dans les situations de mixité conjugale, à travers les repas pris en commun. L’auteur s’appuie sur une recherche réalisée auprès de couples franco-taiwanais résidant à Taiwan pour analyser la commensalité différenciée suivant les positions des belles-filles et beaux-fils français – amoureux et amoureuses, concubin et concubine ainsi qu’époux et épouse – dans sa belle-famille taiwanaise. Il en ressort que l’hospitalité, qui se manifeste par le partage du repas entre un gendre étranger ou/et une bru étrangère et ses alliés autochtones, est riche de sens symbolique, matériel et affectif.
Cet article décrit l’option conjugale « mixte » des descendants d’immigrés d’origine maghrébine, sahélienne et turque en France. Il articule les facteurs culturels et sociaux contribuant au choix conjugal. L’enquête Trajectoires et Origines (INED-INSEE, 2008) fournit des résultats statistiques concernant les options conjugales (couples endogames ou mixtes) et permet de les confronter aux couples entre Français sans ascendance migratoire. Les « couples mixtes » se démarquent des couples endogames et aussi des couples témoins. Tandis que pour leur mise en couple (lieux de rencontres, cohabitation hors mariage) ils correspondent au groupe témoin, ils ressemblent plus aux couples endogames en ce qui concerne leur situation résidentielle et leur inscription religieuse.
Partant du contexte d’une des régions administratives spéciales de la République populaire de Chine, Hong Kong, cette étude s’intéresse aux constructions identitaires de trois couples interculturels ayant recours à une lingua franca (l’anglais mais aussi d’autres langues) pour communiquer au quotidien. Ce contexte, peu étudié, peut apporter de nouvelles pistes dans l’étude des relations intimes interculturelles. La recherche est fondée sur une approche antiessentialiste, mais constructionniste de l’identité, qui permet de faire émerger certains malentendus et jeux identitaires dans les discours des couples.
Chaque jour, des millions de personnes utilisent Internet pour rechercher de l’information, se confier ou offrir de l’aide. Cet article présente une analyse du contenu d’un forum de discussion québécois destiné à des parents d’enfants autistes. Son objectif est de décrire leurs préoccupations et de mieux comprendre comment cet espace peut constituer une source de soutien. Les résultats mettent en lumière l’ampleur de la démarche de recherche de services décrite par les participantes comme étant parsemée d’embuches et de frustrations. Le rôle très actif endossé par ces mères, et qui s’apparente souvent à celui de l’intervenante, est également soulevé.