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Les femmes politiques burkinabè à l’épreuve de l’entre soi masculin et des contraintes de la vie de famille

Taladi Narcisse Yonli, Issa Ouattara

Cadre de recherche : La principale caractéristique de nombreuses sociétés au Burkina Faso est le patriarcat. Dans ce système social, la prépondérance de l’homme s’exprime sur la femme. Les systèmes de croyance et de représentations sociales y ont pendant longtemps véhiculé une image de femme assignée exclusivement au foyer. D’après ces considérations, le champ politique est perçu comme une arène faite pour les hommes. Dès lors, les femmes qui s’y intéressent sont étiquetées, harcelées ou dissuadées par leur entourage familial. Malgré la loi n° 003-2020/AN qui fixe un quota pour favoriser le positionnement des femmes aux élections législatives et municipales, elles sont toujours mal positionnées et faiblement représentées aux élections concernées. Certaines femmes parviennent toutefois à se faire une place dans l’arène politique, sinon à s’imposer, bravant ainsi l’ordre social. Sur la base d’une approche sociohistorique et anthropologique de la participation de la femme à la vie politique, la théorie des champs et des capitaux de Bourdieu est mobilisée pour saisir la dynamique politique des femmes au Burkina Faso.

Objectifs : L’objectif principal de cette recherche est d’analyser la résilience de la femme doublement sous le poids de son statut social dans la famille et de la domination masculine sur le champ politique.

Méthodologie :
Cet article s’appuie sur une méthode qualitative à travers les récits de vie des femmes influentes en politique au Burkina Faso. Des entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès d’une population témoin composée de quelques membres de la famille de ces femmes ainsi que des membres de leur voisinage.

Résultats : Face au contexte familial, social et économique généralement peu propice, certaines femmes ont fait preuve d’une grande capacité de résilience qui leur a permis de concilier au mieux, leurs responsabilités politiques avec celles sociales.

Conclusions :
Ce papier a mis en exergue un pan intéressant de la réalité politique des femmes burkinabè qui « refusent le dictat politique des hommes » susceptible de les pousser à l’autocensure politique. Pour ce faire, celles qui sont parvenues à se faire une place politique ont dû affronter, pour la plupart, le défi de la conciliation de la vie politique avec leur statut de femme au foyer, les attentes sociales afférentes et la domination masculine, notamment sur l’arène politique. Dans le processus d’autoréalisation politique des femmes burkinabè, la famille est apparue comme une réalité « bipolarisée » : des fois comme une contrainte, d’autres fois comme un ressort à l’émergence politique de ces femmes, et ce, sous l’influence de la socialisation familiale.

Contribution :
Cet article contribue à l’intelligibilité de la difficile participation équitable de la femme en politique, en dépit du cadre législatif mis en place par le Burkina Faso. Cette étude invite à poursuivre la réflexion pour une meilleure représentativité des femmes burkinabè dans le champ politique de même qu’à leur participation efficiente au processus de prise de décision et de développement de leur pays.




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