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« N’oublie pas d’où tu viens ». La socialisation à l’attachement familial et transnational de descendant.es d’immigré.es malien.nes

Théoxane Camara

Cadre de la recherche : Lorsque, dans les années 1980, les couples d’immigré.es malien.nes font le choix d’une installation en France, ils se trouvent pris dans un système de « parenté mutilée » par l’émigration (Barou, 1991). Il s’opère un véritable « travail de parenté » (di Leonardo, 1987) pour maintenir des liens avec la parentèle restée au Mali et transmettre aux enfants nés et socialisés en France un sentiment d’appartenance au groupe familial malgré la distance.

Objectifs : L’article s’intéresse à la manière dont les enfants, nés en France dans les années 1980 et le milieu des années 1990, sont socialisés à l’attachement familial et transnational durant leur enfance et préadolescence – soit avant leurs premiers séjours au Mali.

Méthodologie : Les 50 entretiens approfondis de type récit de vie, menés auprès de dix familles d’immigré.es malien.nes, permettent de reconstruire les univers de socialisation familiale de manière rétrospective.

Résultats : Je montre d’abord que le récit du passé parental, plus que la transmission intergénérationnelle des prénoms, construit l’affiliation à la lignée familiale. Je souligne ensuite que les pratiques parentales d’entraide et d’accueil des membres de la parentèle transnationale en France participent à habituer les enfants à leur futur devoir de redistribution et de solidarité transnationales. Enfin, je donne à voir les effets socialisateurs de la fréquentation régulière des foyers de travailleurs migrants, où résident des hommes de la parentèle, en insistant sur la dimension genrée de cette socialisation.

Conclusions : Par ces trois processus de socialisation au sens de la famille, les enfants apprennent des rôles familiaux et transnationaux genrés, même si leur frontière est en partie brouillée par la migration. Les fils apprennent surtout un sens économique de la famille (envoyer de l’argent à la parentèle restée au Mali et soutenir la famille en France), là où les filles sont davantage socialisées à un sens matrimonial de la famille (épouser un homme de la parentèle malienne et perpétuer la lignée).

Contribution : À la croisée de la sociologie de la socialisation, de la famille et des migrations, ce texte contribue à la connaissance de la vie ordinaire des familles immigrées et/ou transnationales en insistant sur les effets socialisateurs des configurations familiales transnationales et leurs variations genrées.




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