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Entre déni et considération, le corps de l’enfant dans les procédures judiciaires d’infanticides

Natacha Vellut

Cadre de la recherche: une recherche rétrospective sur les morts suspectes d’enfants de moins d’un an réalisée en France a permis de constituer deux bases de données, une base de données judiciaires et une base d’articles de presse. L’analyse de ces données a donné lieu à plusieurs publications qui précisent les déterminants psychosociaux des infanticides et caractérisent le traitement des institutions de la police, de la justice et de la presse vis-à-vis de ces homicides.

Objectifs : Il s’agit d’étudier quelle place est réservée au corps de l’enfant décédé dans ces procédures d’infanticides et d’en inférer les conceptions de l’enfant qui sous-tendent les discours et les pratiques des différents acteurs (parents, mis en cause, témoins, acteurs de la police et de la justice).

Méthodologie : L’analyse porte sur des données textuelles issues de dossiers judicaires et d’articles de presse et compare des affaires d’infanticides similaires quant aux actes incriminés, mais aux traitements judiciaires et médiatiques contrastés et présentant des conclusions judiciaires hétérogènes.

Résultats : Le corps de l’enfant décédé est considéré comme un corps-objet et non comme un corps-sujet. Ce corps-objet est instrumentalisé par les différents acteurs de la procédure dans la perspective, consciente ou non, d’influencer la conclusion judiciaire. Il est alors corps politique soumis aux rivalités de différentes légitimités.

Conclusions : Plusieurs facteurs contribuent à ce que le corps de l’enfant décédé soit objectalisé et instrumentalisé : la mort, qui en elle-même favorise une conception du corps comme objet, le manque de reconnaissance sociale des victimes qui résulte de leur jeune âge, l’idée que les enfants appartiennent aux parents. La conception de l’enfant comme personne apparaît incertaine.

Contribution : Ces affaires d’infanticide questionnent la conception de l’enfant comme personne. Il semble que deux conceptions coexistent : l’enfant est une personne dès sa naissance, l’enfant n’est pas tout à fait une personne tant qu’il n’a pas été prénommé, n’a pas développé de relations, n’a pas eu une existence sociale et publique.




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