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La violence conjugale à l’épreuve de l’État social : une comparaison franco-états-unienne

Pauline Delage

À partir de la fin des années 1970, les associations féministes qui prennent en charge le problème de la violence conjugale se sont insérées dans le secteur social, avec plus ou moins de succès, et ont bénéficié de financements venant de l’État. Dans une période de reconfigurations de l’État social, qui affectent notamment les modes d’attribution des budgets publics, celui-ci perd en légitimité symbolique et voit ses fonctions se modifier. Quels sont les effets de ces mutations sur la prise en charge, étatique et associative, du problème de la violence conjugale ? La comparaison entre la France et les États-Unis met en lumière un paradoxe concernant l’évolution de la cause dans ces deux contextes institutionnels et politiques. Alors que l’État social est moins fort aux États-Unis qu’en France, la légitimité de la cause dans l’espace social permet de créer des droits spécifiques aux femmes victimes et d’instaurer notamment un régime d’exception les prémunissant des contraintes du workfare. Parallèlement, en France, les organisations féministes œuvrent toujours à la pleine reconnaissance de ce problème public et semblent davantage menacées par les réductions budgétaires. En s’appuyant sur une enquête ethnographique menée principalement dans le comté de Los Angeles et en région parisienne, cet article propose de retracer les trajectoires de la cause de la violence conjugale prisme des transformations provoquées par les mutations de l’État social.




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